lundi 23 mai 2011

Ecce homo...

… « Je n'ai pas vu l'homme circulant dans la plaine et les plateaux de son être intérieur, mais je l'ai vu faisant travailler des atomes et de la vapeur d'eau, bombardant des fractions d'atomes qui n'existait peut-être même pas, regardant avec des lunettes, son estomac, sa vessie, les os de son corps, se cherchant en petits morceaux, en réflexes de chien.

Je n'ai pas entendu le chant de l'homme, le chant de la contemplation des mondes, le chant de la sphère, le chant de l'immensité, le chant de l'éternelle attente.
Mais j'ai entendu son chant comme une dérision, comme un spasme, semblable à celle du tigre, lequel se charge en personne de son ravitaillement et s'y met tout entier.

J'ai vu les visages de l'homme. Je n'ai pas vu le visage de l'homme comme un mur blanc qui fait se lever les ombres de la pensée, comme une boule de cristal qui délivre des passages de l'avenir, mais comme une image qui fait peur et inspire la méfiance. »…

Ecce Homo
Henri Michaux

5 commentaires:

  1. il y a encore des hommes qui s'émerveillent
    je viens de passer 4h à discuter aves les libellules .;elles m'ont confirmé cela.
    télos

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  2. Très beau ce texte de H Michaux !
    Finalement, que font Henri Michaux, René Char, Terrence Malick, sinon dénoncer la médiocrité de l'homme.. et chacun, selon sa sensibilité, entrouvrir des champs (des chants) du possible ...
    "...le cerveau plein à craquer de machines pourra t il encore garantir l'existence du mince ruisselet de rêve, d'évasion ? ..." René Char !

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  3. @télos
    Merci télos pour me laisser entrvoir tes talents de magicienne, tu as du passer des heures merveilleuses avec ces dames libellules.

    @Flower
    je lis tes mots et les fait miens, essayons l'ouverture au monde à notre modeste niveau, encouragé par les maitres ...

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  4. pour voir il faut s'approcher ...
    encore plus près et s'arrêter vraiment
    j'aime m'arrêter les yeux ébahis, la respiration parfois retenue devant des petits riens.
    merci à toi pour ce jolis texte
    ghys

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  5. de très beaux textes
    qui disent si bien ce que je ressens

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